Loi Hadopi : les mauvais arguments de Mme Albanel

A l’heure où je vous parle il n’y pas d’information qui filtre du Sénat sur la loi Hadopi. Il semble que les sénateurs veuillent amender fortement -et dans le bon sens- cette loi « Créativité et internet ». Petit résumé des forces en présence.

D’un côté Christine Albanel, qui défendait notamment hier dans Soir 3 la suspension de la connexion internet (expliquant que l’on pourra toujours aller dans un cyber-café ou chez un membre de sa famille, ce qui prouve une totale méconnaissance des usages du net qui devient pour certains, dont je fais partie, une « utility » aussi importante que l’électricité ou l’eau), et qui pense qu’une amende « c’est répressif alors qu’une suppression de connexion internet c’est pédagogique » (faudra m’expliquer…).

Enfin, à la question « est ce que cela va pousser au développement de nouvelles offres légales ? » (c’est vrai qu’il n’en existe pas…) la réponse invariable est que l’enrayement supposé de la piraterie poussera les acteurs à faire éclore une offre légale. Mme Albanel prend pour exemple le film « Bienvenue chez les T’chis » qui, toujours d’après elle, « aurait passé la barre des 20 milions d’entrées s’il n’y avait pas eu le piratage ». Je trouve l’argument savoureux, et faux-semblant : je ne pense pas que ce film ait été vraiment géné par le piratage à la lueur des millions d’entrées réalisées; de plus, vu le volume de spectateurs il n’est pas certain que ceux qui l’ont téléchargé aient vraiment eu envie d’aller en salle… Il aurait été plus judicieux de donner l’exemple d’une oeuvre ayant eu un succès moindre « à cause » du piratage (mais peut-être les exemples à trouver étaient difficiles). L’impact sera peut-être plus visible sur les ventes de DVD à venir.

Seul point intéressant : la suppression des DRM (pour justement augmenter l’attractivité des offres légales, mais c’est déjà le cas !).

De l’autre, les opérateurs internet (dont Orange qui vient de rejoindre le groupe des FAI opposés à la loi Hadopi alors qu’il avait signé les Accords de l’Elysée), mais aussi l’Europe, l’UFC que Choisir… et maintenant les sénateurs. 27 amendements ont été posés, et de nombreux points ont été touchés : le conditionnement des aides publiques au film à sa disponibilité en vidéo à la demande, transparence des mesures de verrouillage des offres légales, non filtrage des réseaux, et surtout remplacer la suspension de l’abonnement internet par une amende progressive dont une part serait rétrocédée aux auteurs et artistes-interprètes que le piratage aurait lésés.