Juin 22 2010
Museogames : les jeux vidéos, une jouissive madeleine de Proust pixélisée [Video]
« allo, Damien ? C’est Rémi. Faut que tu viennes, je suis à un endroit qui devrait te plaire. »
J’ai vécu un rêve ce dimanche… et je ne m’y attendais pas. Me donner rendez-vous au musée des Arts et Métiers, à part admirer l’avion de Blériot, je ne voyais pas vraiment ce que je pourrais y découvrir. Erreur…
Sitôt entré,un choc. Un truc génial. Un fantasme de Geek absolu. Un immense magasin de jouets. Tout ce que j’avais vu étant enfant, réuni dans un même et unique endroit. Museogames.
Des pièces rares, uniques, des souvenirs de gosse (mon Atari 800XL, mon premier ZX81), des chimères de papier (une Vectrex ou la CBS Colecovision à gagner dans le magazine Tilt), le tout jouable !!!! Oui, j’ai pu l’espace de quelques heures, laché seul dans les lieux encore déserts, retrouver mes réflexes à PacMan sur Atari VCS 2600, déraper dans les gravier pixélés de Pole Position, casser la tête d’un boss de Double Dragon, ou encore jouer au tennis avec Snoopy sur Game&Watch. Il ne manquait plus qu’une bibliothèque de Gen4, Consoles + et Tilt pour le décor soit une immersion parfaite dans les années 80.
Pour vous faire partager ce choc émotionnel rare et si puissant, si joussif dans sa régression ludique, je vous ai fait trois vidéos « à la volée », brut de décoffrage. Cette exposition va être un immense moment de bonheur pour des trentenaires et leurs enfants, et un espace de découverte pour les vingtenaire qui ne connaissent que la PS3 et la Xbox.
[youtube BoO7JkXwKP4]
[youtube kSCgespRUTo]
[youtube c3F-NRX4jsg]
Témoins contemporains des révolutions numériques
C’est surtout, enfin, l’occasion de se rendre compte, à l’image du film Pixels, que l’iconographie symbolique du cube issue du premier Pong est désormais présente partout. Des Space Invaders disséminés dans Paris à Tron qui fait son retour 20 ans plus tard, en passant par la dernière campagne d’affichage pour La Redoute, les carrés sont plus que jamais là, symboles d’une société désormais livrée au numérique invisible, et dont le représentation ludique et graphique rassure par sa proximité et sa complicité, et inspire même le respect.
Car, finalement, ces jeux et ces consoles sont les témoins contemporains des révolutions technologiques et design que nous vivons à ce jour. Des machines qui procurent de la joie et du bonheur. Des fournisseurs d’adrénaline. Des dealers de frissons et de transpiration. La rencontre inespérée et magique entre des technologies froides et des émotions chaudes. Des objets transactionnels et émotionnels qui nous transforment, le temps d’une poussière de temps de calcul processeur, en pilote de course, en aventurier pitfallien, en grand singe Kong ou en alien.
Tout ça, en ce dimanche, ce fut plus fort que moi.
PS : billet NON sponsorisé.
PPS : merci à Céline et Rémi.
Juin 23 2010
Super Crapule vs Hadopi, exemple de propagande pédagogique
C’est en me promenant sur le blog de Cyril que je suis tombé sur cette vidéo proprement hallucinante. Diffusée sur France 5 (chaine du service publique, donc financée par mes deniers via la redevance), elle explique à heure de grande écoute pour les enfants les « bienfaits » d’Hadopi face au piratage, symbolisé par Super Crapule.
[vimeo 12776741]
Que dire… Si ce n’est que je trouve le procédé totalement ignoble. S’attaquer à nos « chères têtes blondes » (comme le veut la formule consacrée et surannée) via un dessin animé (plutôt bien fait d’ailleurs, les codes sont bien respectés) et leur balancer un discours à sens unique totalement manichéen en utilisant un format innocent (le dessin animé), c’est d’un retors consommé. C’est presque de la drague à la sortie de l’école, sachet de bonbons à la main…
Mais ce qui me terrifie, c’est la propension du Gouvernement et des lobbys des majors a préparer nos enfants à être de parfait petits soldats consommateurs sans recul, formatés depuis leur plus tendre enfance. Cette fois-ci, c’est la doctrine de la détection anticipée délinquance des mineurs qui est utilisée : allons inculquer la bonne parole aux enfants dès le CP, celui qui en déviera (ou qui sera détecté comme tel) sera identifié comme un dangereux terroriste de la création intellectuelle. Et pour parfaire le tout, rajoutons une dose de terreur : 300000€ et la prison. Rien que ça ! Absolument pas traumatisant.
Une vertue à ce film : donner du poids à tous les messages pédagogiques délivrés depuis des années qui poussent à décoder ce qui passe à la télévision. Cette fois-ci, c’est sur, allez sur internet, au moins vous aurez la possibilité de penser par vous-même.
Epilogue : France 5 a fait amende honorable, et surpprimé la vidéo, évoquant des « erreurs factuelles »…
By Damien Douani • Découvertes, tendances et société • 1 • Tags: dessin animé, france 5, hadopi, piratage, propagande, remix