Hadopi ne servira à rien, sauf à restreindre les libertés publiques

Chez Stan&Dam, on n’aime pas Hadopi, et plus exactement la loi « Création et Internet ». C’est une guérilla sans merci que se livre désormais monde de l’internet farouchement opposé à cette loi inique, et les représentants bien installés des lobbies musicaux, cinématographiques, presse et j’en passe.

Problème : les médias « traditionnels », qui touchent encore une très grande majorité de français (et notamment ceux qui n’y comprennent pas grand chose), crient aussi à l’extinction de la création, au chômage massif pour des milliers de personnes, à l’effondrement de l’économie des médias, à la perte de la valeur percue des oeuvres culturelles. Moralité, l’impact est grand, notamment quand un Luc Besson prend la parole pour raconter des inepsies au kilomètre.

Et de mélanger joyeusement à cela le déficit de protection des données personnelles, les prédateurs qui rôdent dans l’ombre des réseaux, bref une série de reportages à charge relevant d’une totale méconnaissance du sujet et une diabolisation totale et globale de ce mal impalpable qu’est internet.

Certains journalistes ont en revanche bien compris comment faire du bruit autour de cela, emboitant de fait la rhétorique gouvernementalobbiesque, en agitant le spectre de la peur plutôt que de construire intelligemment un argumentaire nuancé et posant les vraies questions (l’impact réel du téléchargement illégal, l’existence embryonnaire d’offres légales intéropérables, la Net neutrality, la Free Culture, la remise en cause du droit à la copie privée, la réforme des droits d’auteurs, l’évolution des usages liés au numérique, la dynamique économique nouvelle engendrée par la diffusion numérique des contenus).

Oure une méthode qui peut s’apparenter à la technique habituelle des extrêmes afin de provoquer le chaos et imposer un ordre établi de nature dictatorial, la tournure que prennent les choses commence à fortement ressembler à un procès en sorcellerie où l’on finir par brûler les réseaux et revenir à l’ère « maitrisée » du Minitel. Je n’exagère pas. 

Désormais Vivendi annonce officiellement que « la fibre ne sert à rien », et trouve pour justification à des investissements trop élevés le fait que « cela va encourager le téléchargement illégal de films ». C’est ce même opérateur qui vante sur son site internet les bienfaits de cette technologie en expliquant que cela permettra de « télécharger quasi-instantanément (fichiers, vidéo, musique…) (…) en vous permettant d’envoyer en un temps record vos propres contenus.

Mon Dieu ! Nous allons faire de tous les français des contre-facteurs ! Vite, arrêtons nous avant qu’il ne soit trop tard ! Avec un raisonnement pareil, nous n’aurions pas de livres aujourd’hui, encore moins de CD, ressortons nos modems 56K et l’affaire sera finie. Et pour être bien sur de mettre tout le monde en hibernation pour les 10 ans à venir (le temps que les personnes en place prennent leur retraite ou changent de secteur d’activité), rajoutons à cela une loi liberticide (flicage généralisé de tous les utilisateurs d’internet avec impossibilité pour eux, si accusation de téléchargement illégal, de vérifier le bien-fondé de celle-ci).

C’est grave. Très grave. Un tel manque de vision globale est désarmant. L’impact de la « nouvelle économie » était donc vrai, on le savait mais les acteurs n’ont rien fait pour s’y adapter (9 ans depuis la bulle internet, ça ne devait pas être asssez long). Se drapant dans leur morgue, ils ont alors fait le choix de ne pas évoluer et de ressembler à terme (maintenant donc) aux mines de Lorraine. « Pas grave, on fera appel à l’Etat ! ». Effectivement, le scénario se répète, mais cette fois-ci ce n’est pas une aide économique qui est prévue mais une régulation législative basée sur le principe cher à notre Président : « Si vous n’avez rien à vous reprocher, vous n’avez rien à craindre ».

Pour mémoire, Numerama rappelle les 10 raisons qui font de la loi en préparation un danger pour les libertés et un échec attendu, n’ayant pour effet que de rigidifier l’écosystème de l’internet, et nous mettre à la traîne des pays « éclairés ». Alors que l’occasion pourrait être de prendre de nouvelles directions, innovantes, audacieuses, « en rupture », nous décidons de rester dans le noir de la caverne en nous emmurant.

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