Les Lyonnais : quand les gones jouent au gendarme et aux voleurs

Les Lyonnais jouent à la belote

Gaumont a eu la délicate attention (merci merci) de m’inviter à découvrir l’un des films évènement de cette fin d’année cinématographique : Intouchables Les Lyonnais.

Une fresque rugueuse et noire à la Olivier Marchal. Certes, ce n’est pas du MR73, le rythme est assez lent, mais les caractères sont tranchés, les dialogues vifs et personnages investis par leurs acteurs, à l’image de Gérard Lanvin dans le rôle de Momon pour la deuxième fois de sa vie (il l’a déjà incarné pour un téléfilm il y a quelques années).

Le film oscille entre une partie « reconstitution d’époque » qui est la partie réelle de l’histoire du gang des Lyonnais qui terrorisa une partie de la France dans les années 70, et une partie fictive où un personnage joué par Tcheky Karyo va pousser Momon à sortir de sa retraite.

Cette balance entre deux périodes de vie – les années 70 sont superbement reproduites avec des voitures d’époque rutilantes – est surprenante les 20 premières minutes du film, le temps de s’habituer aux visages (pas évident forcément, la ressemblance est parfois lointaine) et de comprendre qui est qui et les liens qui les unissent.

Une fois compris et accepté ce principe narratif, le film roule. L’image est léchée, précise, n’abusant pas des effets de style type « caméra à l’épaule à l’image tellement vibrante qu’on n’y voit rien ».

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Le film exalte un seul et unique message : la nostalgie du « code d’honneur » perdu des gangsters, la parole donnée qui va d’ailleurs faire replonger Momon dans sa vie passée. Car « un voyou en sommeil reste un voyou », et Lanvin sait parfaitement incarner cet homme déchiré entre son envie de raccrocher pour l’amour de sa famille, et le respect de ce code d’honneur.

Paradoxalement, alors que la violence semble être devenu le langage unique des braqueurs des années 2000 (avec une scène de fusillade dans une salle d’attente d’un hôpital), c’est la police qui est décrite comme assagie, elle qui n’hésitait pas à torturer pour faire avouer les braqueurs dans les seventies. Surprenante oscillation d’une violence qui aurait changé de côté, elle dépeint la nostalgie d’un commissaire qui préférait quand les flingueurs avaient une parole, et la nostalgie de voyous qui trouvent que les petits jeunes n’ont plus de respect.

Par ce prisme, Olivier Marchal exprime une vraie sympathie pour ces Lyonnais aujourd’hui repentis, tout en gardant de l’estime pour son premier métier, flic. Peut-être une manière de trouver une réponse à la dissonance (ou paradoxe) d’être passé de « l’autre côté de la barrière » avec ce film.

Article initialement publié sur Chabadabada le blog des images qui bougent.