Les Etrusques me poursuivent dans mon sommeil… [critique de livre]

« Tu aimes les thriller ? » me demanda-t-il par DM. « Oui », répondis-je, interloqué et piqué de curiosité. « Ok, laisse moi ton adresse ».

Old fashion ! pensai-je. Recevoir un livre papier, à l’heure de l’iPad et du tout numérique… Soit. Jouons le jeu. Après tout, j’aime ce côté délicieusement vintage et romantique du livre mystère.

L’enveloppe ne tarda pas à se glisser par la fente de la boite aux lettres, attendant au chaud que je vienne l’en retirer à la nuit tombée, de retour du boulot. Blanche, bombée, mon adresse à l’encre noire ne laissait deviner aucune marque extérieure d’identité. A l’aune de l’ouvrage que je trouvai dorloté dans le papier bulles :

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A part chez les Comics, XXX ne me disait rien. Le titre du livre non plus, si ce n’est l’évocation d’une civilisation perdue. Un ou des auteurs ? Direction Google pour en avoir le coeur Net.

Les Nouveaux Auteurs… « Donner une chance à tous les nouveaux auteurs d’être publiés ».  Je découvrais les comités de lecture citoyens (j’ignorais que les blogueurs en faisaient partie, une nouveauté sans doute pour médiatiser l’excellente l’initiative), « réelle opportunité de passer l’étape du comité en s’affranchissant des comités occultes. (…) Pour chaque ouvrage, les notes sont affichées et les fiches de lecture détaillées mises en ligne, en plus d’un blog d’Auteur et d’un extrait significatif. Chaque livre sera disponible via internet sous 24 heures et en librairie, exclusivement dans sa version papier. ». Le compte d’auteur version 2010, avec « jugement  » démocratique et mise en avant démultipliée, le tout liant dématérialisation (livre numérique) et imprimé. Belle initiative, qui me rappela lointainement, par son côté participatif, Chroniques de la rentrée Littéraire.

J’adoptais donc « Etrusques » comme on achèterait un poisson rouge pour ses enfants : on ne sait pas le temps que ça durera, ce n’était pas forcément prévu, et ça finira – au pire – aux toilettes ou – au mieux – sur l’une des étagères de la bibliothèque. Ses 267 pages allaient devenir mon indéfectible compagnon pour le temps de l’expérience.

Jours, week-end… « Etrusques » me suivait comme mon ombre, avec sa couverture anonyme attisant les convoitises et réveillant les envies de le feuilleter pour en percer son secret. Qui était derrière ? Ce blind book recelait-il d’un secret plus lourd encore que le noir de ses caractères ?

Le terme de thriller, flanqué sur la couverture monochrome, n’était pas à démentir. Au contraire, à la lecture je voyais parfaitement se dessiner les cases d’un hypothétique story-board qui pourrait servir de découpage à une mise en boite à images. Une structure quasi scénaristique pour une relation textuelle très directe, foisonnante, riche. Trop peut-être. La multitude de personnages, la syncopée des chapitres alternant – au début tout du moins – deux histoires parallèles emplies de meurtres n’étant pas forcément aisée à suivre. Mais elle servait à distiller suspense et rebondissements, avec une efficacité certaine.

Peu à peu, les pièces du puzzle se rejoignait et refermaient le piège avec elles, mon attention était captée par l’enchevêtrement des fils d’Ariane, les cliffhanger maitrisés et un climax distillé juste au bon moment. Un roman cinématographique je vous dit. Tellement bien que je demandais par moment si je ne tenais pas un script de film et que cette histoire de Nouveaux Auteurs n’était pas en fait une flamboyante farce destinée à masquer une évaluation de scénarios. Je me rendis compte alors que mon cerveau était ourdit par la trame complotante du livre, et que celle-ci était finalement efficace.

En refermant « Etrusques », je restais finalement avec un petit goût amer en bouche, celui d’une boisson trop enivrante pour être honnête et qui cache des faiblesses dans sa maturité. C’était une oeuvre efficace, bien écrite, aux personnages parfois un peu caricaturaux mais évitant le pire (pour cela je vous conseille « Je Tue« , à la trame exceptionnelle mais aux personnages désolant de crétinerie dialogué), à la gradation scénaristique maitrisée, mais le dénouement laisse quelque peu sur la faim par des pirouettes et approximations décevantes.Un peu comme si l’histoire dans laquelle nous avions été embarqué et à laquelle nous avions envie de croire devenait un tout petit peu too much pour éviter de dire « dommage mais bien tenté, presque un sans faute ».

Ma note : 7/10, avec une tendresse particulière pour l’évocation de ma ville de Coeur comme décor d’une partie du livre, Montpellier.