Goom Radio lance un nouveau modèle de radio numérique, et brouille l’écoute de NRJ

Jean-Paul Baudecroux, souriant boss de NRJ

Il y a des fois, on se demande si certains ne le font pas exprès… car si NRJ avait voulu mettre en lumière un nouveau concurrent, on ne s’y serait pas mieux pris. Résumé des épisodes de la guéguerre entre NRJ et des ex-NRJ qui ont monté Goom Radio, aka Emmanuel Jayr (ex-directeur com et promo) et Roberto Ciurleo (ex-directeur de la programmation). Ce nouvel entrant a fêté son lancement officiel le 16 octobre dernier au VIP Room à Paris avec du beau monde (Chris Brown, Diam’s, M. Pokora, Kamel Ouali, Gary Dourdan (« Les experts »)…) et des blogueurs (Nicolas Leune, Damien Anfroy, Nael, Emilie Bramly, ma pomme…).

20 septembre : concert de Madonna au Stade de France. Goom a passé un accord avec le « tourneur » de la madonne en France pour faire en sorte que Goom soit la radio officielle du Candy Tour. Problème : cela perturbe NRJ, positionnée radio officielle de la star. Moralité : NRJ fait pression sur le Stade de France pour déprogrammer un spot de pub pour Goom. Et ce sera la cas.

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Depuis, NRJ a adressé une mise en demeure à GOOM l’accusant de vouloir copier et dénigrer la station à la panthère.

Voici le texte de cette lettre :
« Nous avons découvert avec stupéfaction que vous utilisiez le slogan ‘hit music non stop’ pour désigner la webradio GOOM alors que la radio NRJ que Goom a pour objectif de concurrencer auprès des jeunes, est depuis fort longtemps désignée par le slogan ‘hit music only’.
(…)
Le choix de slogan procède à l’évidence d’une volonté de profiter indûment de la notoriété du slogan ‘hit music only’ et de placer GOOM dans le sillage de NRJ. (…) Ceci est d’autant plus manifeste que les fondateurs de GOOM de manière intolérable n’ont pas hésité à affirmer que « leur projet va donner un sérieux coup de vieux à NRJ » (Les Echos du 16/10/2008)

De tels agissements relèvent incontestablement du parasitisme et engagent votre responsabilité envers NRJ. Nous vous mettons en demeure de cesser toute utilisation du slogan ‘hit music non stop’ et de cesser tout agissement parasitaire envers NRJ. »

A quel jeu joue NRJ ? Outre que je n’ai pas trouvé trace de ce slogan sur leur site ni leurs déclarations (mais NRJ doit avoir ses preuves), cela pourrait ressembler soit à une réaction de défense logique, soit à de la panique maladroite. Dans les deux cas, ces attitudes sont liéees à une même raison : l’émergence d’un nouveau service pouvant préfigurer l’évolution du marché radio sur le numérique, et sur lequel NRJ (et ses camarades « traditionnels ») ont du mal à se positionner. L’ère qui s’ouvre est à l’image de celle de 1981 et de la libéralisation des ondes. La peur est donc légitime.

Et que vaut le service ?

Goom se positionne comme la première radio numérique. Traduction : un bouquet de radios tout IP faite par des professionnels de la radio et qui va emprunter aux règles communautaires du 2.0. Ce qui veut dire : une radio qui a pour ambition d’être diffusée partout (internet, radio wifi, radio numérique, mobile…) et qui veut intégrer tous les atouts des outils numériques.

J’ai eu la possibilité de tester le produit depuis un moment et je le trouve vraiment génial car hybride : un mélange de Deezer (pour la bibliothèque musicale), Radionomy (pour la création de son format), Odeo (pour la banque de podcasts à venir) et un bouquet de radios pros (pour l’instant musicales, mais des radios talk devraient arriver) produits dans de « vrais » studios à Sèvres. A noter que l’on peut parler vraiment de radio (au sens flux de programmes, liners et pages de pubs), à la différence d’autres sites qui utilisent de manière galvaudée ce mot.

Une qualité toute particulière a été apportée au son et à son encodage (montez le son sur des enceintes de bonne qualité, vous me direz ce que vous en pensez).

Mais la « vraie » innovation concerne la création de radio personnelles « sur mesure » via un outil inspiré des logiciels de programmation professionnels des radio et sur la base musicale de PressPlay. La grille se crée selon les goûts musicaux que l’on déclare (ou en dupliquant une radio que l’on aime via la fonction « clone »), une liste de 150 morceaux (dont 50 accessibles via une interface de programmation) est modifiable à souhaits (suppression, ajouts de morceaux ou de podcasts, modification de la rotation). A noter le judicieux mix entre morceaux incontournables, morceaux de niche, et (à venir) pages de pubs (avec partage de revenus ?).

L’interactivité avec la communauté de Goomers se fait via un profil et un GoomWall, développé sur le modèle du mur éponyme de Facebook. Ils peuvent de plus venir nourrir le catalogue de podcasts « premium » composés de chroniques professionnelles (produits dans les studios de Goom dont certains avec des blogueurs, on en rediscutera 😉 ) avec leurs propres émissions. En clair, Goom propose de se créer sa radio comme un pro facilement, en mixant des contenus « poussés » + un catalogue de contenus à la demande + ses propres contenus + un espace d’échanges communuataire. C’est ce que j’appelle un « Genius Social Media ».

La rémunération des ayant-droits est calqué sur les droits demandés aux radios et non aux sites musicaux, et un modèle publicitaire de type medium-rectangle + messages pub ramène le gros des revenus, sans oublier une radio B2B comme celle de Allociné (qui apporte un effet d’image non-négligeable et une source déportalisée d’audience).

Reste que Goom n’est pas encore accessible en mobilité (iPhone notamment), et n’est pas exportable sur son espace perso : je rêverais pourtant de faire écouter « ma » radio sur mon blog ou mon facebook. Une sorte de nouvelle manière de créer du contenu me ressemblant, mon « media à moi ». Bientôt ?